• Mon récit d'accouchement : La naissance de Tess

     

    Après 12 interruptions pour cause de tétée, 8 pour causes de coliques et 5 pour cause d'odeurs nauséabondes nécessitant un lavage de fessiers immédiat, je vous livre enfin mon récit d'accouchement. J'en garderai toujours un merveilleux souvenir. Un des plus beaux jours de ma vie, sans hésitation. Attention, y a du contenu!

     

    Samedi 30 avril 2016

    Je suis à 39 Sa + 1. Ma DPA est prévue le 6 mai.

    Depuis une dizaine de jours au moins, je ressens régulièrement des douleurs similaires à celles des règles, surtout le nuit. Rien de très douloureux cependant, ni de régulier.

    Quelques jours plus tôt, à 38 sa + 3, je me rends pour la dernière fois avant ma DPA chez ma gynécologue, qui m'annonce un col ouvert à 1. J'en conclus que ces petites douleurs agissent donc sur mon col. Mon transit a lui aussi changé depuis quelques jours. Mon corps se prépare tout doucement.

    Ce samedi 30 avril donc, je me réveille vers 9h00 et vaque à mes occupations habituelles (comprenez un peu de rangement et beaucoup de far niente). On est samedi. Le Chéri est là. Ses filles sont chez leur mère. Vers 13h00, le Chéri m'annonce qu'il est partant pour une petite sieste. Je ne suis pas fatiguée mais je l'accompagne au lit et me couche à ses côtés afin de me reposer et de profiter de sa présence.

    Deux heures plus tard, alors que le Chéri ronfle toujours allègrement, je ressens une légère contraction, associée à cette vague douleur de règles très supportable que je connais bien maintenant. Je n'y prête qu'une vague attention. Après tout les contractions et moi, on se connaît bien depuis l'épisode MAP.

    Vers 16h00, et 3 contractions plus tard, le Chéri se réveille péniblement. Je lui dis en plaisantant "Imagine que ce soit pour demain..." Il n'y croit pas une seconde et se moque gentillement de moi, comme à son habitude. Je n'y crois pas non plus, je dois bien le reconnaître.

    Le 1er mai est en effet une date un peu particulière, puisque ma grand-mère, décédée il y a 2 mois, aurait fêté se 90 ème année ce jour-là.

    Nous nous levons donc. Je me prépare mon en-cas favori (comprenez une brioche tartinée de beurre et de so acolyte, mon meilleur ami) et file sous la douche afin de me préparer car le Chéri et moi allons dîner chez ma mère ce soir-là.

    Les contractions elles continuent, mais ne sont pas très douloureuses et complètement anarchiques. Cependant, elles reviennent toujours, même si je dois parfois attendre 40 minutes entre deux. Je commence donc à m'interroger silencieusement (afin d'éviter une moquerie supplémentaire de mon binôme). Peut-être vaudrait-il mieux prêter plus attention à leur fréquence. Je télécharge donc une application sur mon portable.

    Le Chéri le remarque, et se moque de moi. Pour la discrétion, c'est raté !

    Nous partons chez ma mère et la soirée se déroule de la même façon. Les contractions sont irrégulières, espacées de 10 minutes, puis de 20, puis de 8... Elles sont un peu plus douloureuses, et je dois bientôt respirer calmement à chacune d'entre-elles.

    Nous rentrons vers 21h30 et à 22h00, je décide de prendre un bain. S'il s'agit d'un faux-travail, les contractions s'arrêteront. A ce stade, j'en suis encore persuadée, et je compte bien passer une bonne et longue nuit. Malgré tout, une intuition sans doute, je me lave soigneusement les cheveux, me rase et termine de préparer la valise "au cas où". Nous allons ensuite nous coucher. Le Chéri s'endort rapidement.

    23h30 : Une contraction bien plus douloureuse que les précédentes me pousse à ressortir mon téléphone portable et son application. La douleur est intense. Je suis pliée en deux. Les contractions suivantes se régularisent  et reviennent toutes les 8 minutes. Je ne sais bientôt plus qu'elle position adopter dans mon lit pour me soulager. J'ai peur de réveiller le Chéri à me tortiller de la sorte.

    Je me lève donc vers 00h15 et migre dans le salon afin de m'installer sur le canapé. Malgré la douleur toujours plus forte, je me demande encore si c'est "le" moment. Entre chaque contraction, je me sens si bien ! Mais à chaque fois que je sens la vague revenir, j'appréhende la douleur. A chaque fois plus longue et plus intense. Je garde mon objectif en tête : tenir le plus longtemps à la maison avant de partir pour la maternité. Gérer seule un maximum de temps. A chaque contraction, je me retrouve malgré moi à 4 pattes sur le sol. J'essaie de penser à l'image du bouchon sur la vague qui se laisse emporter, image donnée par la sage-femme qui donnait les séances de préparation à l'accouchement. Les maigres doutes qu'il me restait quant à savoir si c'était du "vrai" travail s'estompent à chaque contraction. Leur fréquence diminue bientôt à 5/6 minutes.

    Je tiens ainsi jusqu'à 2 heures du matin, où une contraction encore plus forte que les autres me pousse à réveiller le Chéri. J'ai peur de ne pas savoir gérer dans la voiture.

    Le Chéri se réveille et me demande s'il a le temps de prendre une douche.

    "Oui, mais dépêche-toi..."

    Je m'affaire de mon côté à terminer ma trousse de toilette et à emballer mon coussin d'allaitement. Je dois m'interrompre à chaque contraction. Je ne sais pas si c'est parce que le chéri est réveillé et que je m'autorise à "me lâcher" ou si c'est l'intensité des contractions qui augmente encore, mais je me mets à pousser des sons graves à chacune d'entre-elles. C'est plus fort que moi, et j'ai l'impression que ça me soulage un peu. 

    En sortant de la douche, le Chéri me retrouve à 4 pattes dans le couloir, occupée à pousser ces plaintes qui ne me ressemblent pas. Je ressens alors sa panique. Il a compris que c'était bien le moment, et je le vois alors s'affairer rapidement. Il a peur d'arriver trop tard.

    "Pourquoi tu ne m'as pas réveillé plus tôt ? On se dépêche!"

    Entre deux contractions, je lui donne les dernières indications pour compléter les valises. Tout est finalement prêt vers 2h30. Quand je vois tout ce qu'on prend avec nous, je me moque intérieurement de moi. "Je ne pars que pour deux jours..." Si j'avais su alors qu'on ne rentrerait finalement que 8 jours plus tard, je me serais félicitée.

    Durant les 10 minutes de trajet en voiture qui nous sépare de l'hôpital, j'ai encore deux contractions. Pas moyen cette fois de me plier en deux. Je suis coincée sur le siège. Qu c'est douloureux !

    Nous arrivons et entrons par les urgences, heure matinale oblige. J'ai pas l'air maligne à me plier en deux devant le gars de l'accueil avec mes sons bizarres, mais à ce moment-là, je m'en tape royalement. Un brancardier vient ensuite nous chercher afin de nous amener à la maternité. Il me propose une chaise roulante. Je refuse. Entre chaque contraction, je sais marcher. Nous devrons nous arrêter à plusieurs reprises sur le chemin, mais tant pis.

    Arrivés dans le bon service, nous sommes rapidement pris en charge par une sage-femme dont je ne retiens pas le nom, trop concentrée à tenter de gérer au mieux les contractions qui me surprennent à chaque fois par leur intensité. En salle d'examen, elle me fait uriner dans un petit pot puis m'ausculte.

    "Vous êtes à deux bons cm, presque trois."

    En moi-même, je me dis que c'est pas mal, mais que j'en ai encore pour un petit temps. Ca ne valait pas la peine de se presser ! La sage-femme nous installe en salle de naissance. Celle que j'avais visité lors d'une des séances d'information donnée par l'hôpital. Elle est spacieuse et dispose d'une baignoire gigantesque.

    La sage-femme me demande si je veux prendre un bain. J'accepte. En attendant qu'elle se remplisse, elle m'installe sur le ballon face au lit et me pose le monitoring. Durant la demi-heure qui suit, elle reviendra plusieurs fois dans la chambre pour replacer le moniteur. Comme à son habitude, la Boulette se cache. Il faut dire qu'elle est déja bien basse dans le bassin, ce qui ne facilite pas les choses.

    Sur la ballon, la douleur augmente encore d'un cran. Le Chéri tente de me soulager à chaque contraction en exercant un point de pression sur le bas de ma colonne, comme lui a suggéré la sage-femme. Il me demande alors si ça me fait du bien, mais toujours pendant la contraction. Je suis incapable de lui répondre. Je ne peux que pousser ces mêmes sons graves.

    Je commence à être fatiguée. Vers 4h, je me sens partir. J'ai l'impression de faire une chute de tension. Le Chéri appelle la sage-femme qui vérifie. Non. La tension est bonne. C'est la fatigue et la douleur qui me donne des vertiges.

    Une fois le bain prêt, j'y plonge, nue. La chaleur me fait du bien dans un premier temps, mais devient vite insupportable. Le Chéri est obligé d'ouvrir toutes les fenêtres de la chambre et de me ventiler régulièrement le visage à l'aide du bac à vomi (glamour je vous dis). Je ne sais plus comment me positionner dans le bain lorsqu'une contraction survient. Il est tellement grand. Je n'ai pas de point d'appui. J'ai tellement chaud. Le Chéri finit par me poser une serviette trempée dans de l'au glacée dans le cou et sur l'ensemble de mon visage. Ca me fait un bien fou. Mais ce n'est pas suffisant. Au bout de 45 minutes, je n'en peux plus. Il faut que je sorte de ce sauna.

    Le Chéri apelle la sage-femme qui m'aide à sortir du bain. Elle décide de contrôler mon col.

    "Vous êtes ouverte à 5 bons centimètres ! C'est super Madame ! Vous avez bien travaillé !"

    Cool. Tout ça n'a donc pas servi à rien. 

    J'ai toujours chaud. Je ne compte plus la fréquence des contractions depuis longtemps, mais j'ai l'impression qu'elles ne me laissent plus de répit. Je me dis intérieurement que je ne suis qu'à la moitié du chemin, et que les 5 derniers centimètres vont être encore plus durs. Cette pensée peu rassurante me pousse à demander la pose de la péridurale. Je suis tellement fatiguée !

    La sage-femme prépare tout le matériel en attendant l'arrivée de l'anesthésiste. Je me dis que je serai bientôt soulagée. Rien que l'idée me réconforte.

    La péridurale est posée vers 5h du matin. Quasiment indolore. Le plus dur a été de restée dans cette psoition assise lorsque deux contractions ont interrompu le travail de l'anesthésiste.

    Vers 5h30, je sens le produit agir. Je sais encore bouger les jambes, mais elles sont lourdes. Je sens toujours les contractions, mais elles sont à peine douloureuses. La sage-femme me positionne sur le côté. Je me sens bien.

    Les premières lueurs du jours traversent les rideaux de la chambre. Il va faire beau. Le Chéri s'installe dans le canapé placé près du lit. Nous nous reposons un peu.

    La sage-femme me perce les eaux une heure plus tard. J'appréhende un peu car j'ai lu que ça augmentait la douleur. Elle me rassure en me disant que sous péridurale ça ne change pas grand chose.

    Vers 7h00, la sage-femme revient. Elle nous dit au revoir (changement de service) et me souhaite une belle rencontre avec notre princesse qui selon elle "sera là avant midi". Avant qu'elle ne quitte la chambre, je lui demande quand même de vérifier où en est le travail car je sens que ça pousse "en bas". 

    Elle met ses gants, procède à l'examen et nous dit, étonnée :

    "Vous êtes à dilatation complète. Elle est là. Elle est engagée. J'appelle votre gynécologue."

    Je n'en reviens pas. Je suis passée de 5 à 10 en 2 heures. Je me félicite d'avoir demandé la péridurale pour cette partie du travail.

    A 7h20, ma gynécologue débarque dans la chambre, en même temps qu'une autre sage-femme.

    Elle m'examine et nous confirme qu'il va falloir pousser. La Boulette arrive.

    Je sens un vent de panique m'envahir. J'appréhende la poussée, même avec la péridurale. Et en même temps, je ressens de l'excitation à l'idée de rencontrer ma fille. 

    La gynéco me demande si j'ai une préférence pour la position. Pas vraiment. D'autant plus qu'avec la péridurale je ne sens plus assez de forces dans mes jambes pour me tenir debout. Je décide d'essayer d'abord sur le dos, mais sans étriers. Je tiens moi même mes jambes relevées, puis le Chéri m'aide en surélevant une des deux.

    Les poussées commencent dans une ambiance intimiste. Juste mon Chéri, la gynécologue et la sage-femme. Ils m'encouragent tous les trois à chaque poussée. D'après la gynéco, je pousse bien. J'entends le Chéri me féliciter. Ca m'encourage à continuer, encore et encore, à chaque contraction. Je respire bien entre chaque poussée. Je n'ai pas mal, mais je garde des sensations malgré l'anesthésie. Tout es parfait.

    Je ne réalise pas à quel point les choses avancent, avant que la gynécologue m'annonce une dernière poussée avant qu'elle n'arrive. Je ne parviens pas à y croire. Je pousse fort, une dernière fois. La gynéco me dit d'arrêter de pousser. Je m'obtempère mais ma Boulette glisse toute seule en dehors de moi. Tout juste le temps pour le médecin de l'attraper et de me la poser sur le ventre. Il est 7h56 ce dimanche 1er mai.

    Elle est si petite ! Et toute bleue ! Je n'en reviens pas. Durant les deux heures suivantes, en peau à peau, je n'arrive à la quitter du regard que pour lever les yeux vers le Chéri qui l'observe.

    La Boulette nous regarde attentivement, et cherche rapidement le sein. J'ai droit à mon premier suçon ! Je suis émerveillée par cette petite crevette qui me fixe avec les yeux grands ouverts. Je savoure ces premiers moments, sans vraiment réaliser que ce petit être que je tiens dans mes bras est le mien, viens de moi. De nous.

    Depuis, l'amour que je ressens pour ma fille ne cesse de grandir. Elle est parfaite.

    Suite à ce doux moment, ma Boulette est pesée et mesurée. Elle mesure 46 cm et pèse 2kg485.

    Ce petit gabarit nous vaudra d'être particulièrement surveillées, moi, mais surtout elle. Beaucoup d'examens, 8 jours d'hospitalisation, une mise au sein difficile, et puis des coliques rendront ces premiers jours très durs à vivre, pour nous parents, et je l'imagine aussi pour ma fille.

    Mais cet accouchement fût parfait. Du début à la fin.


    10 commentaires
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    Notre jolie Tess est née ce dimanche 1er mai à 7h56.

    Une magnifique arrivée.

    Un bel accouchement (pour le récit détaillé, ce sera dès que ma clochette me laissera plus de 20 minutes de répit).

    Une merveilleuse naissance.

    Malheureusement bien vite assombrie par un petit gabarit (2kg445 pour 46 cm) qui nous semble, au Chéri et moi, plutôt logique au vu de mes proportions de crevette, mais qui inquiète les médecins.

    Nous sommes alors placés en "unité kangourou" (comprenez en chambre très surveillée avec une batterie d'examens à passer et des visites limitées)

    La procédure est lancée.

    Les heures et les jours qui suivent sont compliqués à gérer.

    Entre les nuits blanches, une mise au sein difficile, une fatigue qui s'accumule, des coliques incessantes, une perte de poids normale mais stressante au vu de son petit poids et une inquiétude grandissante lorsqu'on nous annonce une masse dans les intestins découverte à l'échographie réalisée à son deuxième jour de vie.

    Nous resterons finalement 8 jours à l'hôpital.

    L'allaitement est lancé. Ma Chouquette a repris du poids. Nous avons l'autorisation de rentrer chez nous.

    Mais nous reviendrons dans une quinzaine de jours afin d'identifier cette masse dans les intestins, source d'angoisse continuelle depuis sa découverte.

    Si les nouvelles ne sont pas bonnes (L'hypothèse "Neuroblastome ?" étant indiquée sur le rapport), je m'effondre. Encore une fois.

     


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