• Education positive ou bienveillante... C'est quoi ? On en parle !? Les atouts et les dérives de la parentalité positive.

    Education positive ou bienveillante... On en parle !?

     

    Oui, parce qu'on en parle... à peu près partout !

    Blogosphère, reportages télévisés, bouquins... La bienveillance dans l'éducation parentale est de mise.

    Loin d'être experte en la matière, je me suis cependant penchée sur la question ces dernières semaines.

    En effet, la Boulette va sur ses 16 mois et possède un caractère bien tranché qui me pousse à me questionner sur la meilleure manière de réagir à ses actuelles (et futures) colères, crises, demandes et exigences.

     

     J'avoue ne jamais être posé beaucoup de questions sur l'éducation des enfants auparavant.

    Ou, en tout cas, ne jamais eu peur de "mal" éduquer mes enfants.

    Je n'ai jamais crains d'être une mauvaise mère ou de ne pas être capable de leurs transmettre les valeurs auxquelles je tiens.

    Sans prétention aucune, j'ai toujours eu confiance en moi pour cela, et ce bien avant d'être maman (et pourtant, je n'ai pas confiance en moi pour grand chose d'autre).

    Mais "mal faire" avec mes enfants ne m'a jamais inquiétée outre mesure.

     

    Pourtant, parce que je suis relativement curieuse et surtout parce qu'il est difficile d'y échapper, je me suis renseignée sur les principes de cette tendance très en vogue de "la bienveillance" ou de l'éducation positive".

    J'ai même poussé le vice jusqu'à acheter (et parcourir) un des livres référents en la matière : "J'ai tout essayé!" d'Isabelle Filliozat.

     

    Pour vous résumer brièvement (même s'il existe plusieurs visions et plusieurs définitions possibles de l'éducation bienveillante), voici les grands principes de l'éducation positive :

    • Se mettre à la place de l'enfant afin de comprendre son comportement (soyez empathique et à l'écoute).
    • Favoriser une communication non violente (ne pas crier, ne pas rabaisser son enfant en utilisant des phrases telles que "tu es méchant", "tu ne fais pas bien"...).
    • Exprimer les interdits de manière positive (souligner à l'enfant ce qu'il a le droit de faire plutôt que ce qu'il n'a pas le droit de faire, ne pas utiliser les termes "non" et "ne pas").
    • Bannir les actes physiques violents (fessée,...).
    • Reconnaître les émotions de l'enfant et le laisser exprimer ses besoins (ne jamais nier son ressenti, même s'il s'agit pour nous de réactions disproportionnées face à des événements qui nous apparaissent comme dérisoires). Un enfant ne fait donc pas de caprice mais exprime une insatisfaction.
    • Ne pas punir son enfant (adieu le chantage et le coin).
    • Respecter son rythme.

     

    En bref, éduquer son enfant de manière bienveillante, c'est favoriser le dialogue, le respect et l'entre-aide, l'estime de soi, l'autonomie et les responsabilités.

    Si l'on s'en tient aux fondements de la parentalité positive, être bienveillant n'est pas être laxiste, mais au contraire d'instaurer un cadre et des limites mais ce de manière la plus positive possible.

     

     ***

     

    A moins que vous ne soyez un fervent adepte de la fessée, après la lecture de ces différents principes, vous vous faites peut-être la même réflexion que moi...

    "L'éducation bienveillante, c'est du bon-sens. Evidemment que je veux éduquer mes enfants de manière positive"

    Qui, à l'heure actuelle, pourrait en effet affirmer préférer crier sur son enfant plutôt que de lui faire comprendre une limite en dialoguant calmement ?

    Quel parent, en son âme et conscience, pourrait délibérément préférer dévaloriser son bébé plutôt que de l'aider à prendre confiance en lui ?

    Qui aime punir son enfant ? Qui aime lui faire du chantage ? Qui ne souhaite pas établir une relation de confiance avec sa progéniture ?

     

    Pas grand monde. On est d'accord.

     

    Et pourtant, et même si je suis à 100% d'accord avec ces différents principes que je tends par ailleurs, pour la plupart, à appliquer naturellement avec la Boulette, je ne peux m'empêcher d'éprouver un certain malaise, et ce pour deux raisons.

    La première concerne la mise en pratique réelle et quotidienne de ces principes de bienveillance dans notre mode de vie actuel.

    Dans un monde où la structure familiale est parfois décomposée, où la société nous impose de passer 10h00 par jour éloigné de nos enfants afin d'être capable de subvenir à leurs besoins, où nos rythmes de vie sont infernaux, où la fatigue et le stress sont permanents... Comment voulez-vous que nous, adultes, parents, personnes à part entières, puissions conserver notre calme et adopter une attitude positive avec nos enfants, quoi qu'il arrive ?

    Quelles sont les possibilités qui nous sont laissées pour que nous puissions consacrer 100% de notre temps avec nos enfants ? Ou du moins pour que les moments qu'il nous restent auprès d'eux puissent être toujours qualitatifs, se déroulent dans le calme et la bienveillance ?

    Si vous travaillez, si vous devez lever vos enfants aux aurores pour avoir le temps de les préparer, de les amener à l'école ou à la crèche et de ne pas arriver en retard au travail. Si vous passez votre journée à trimer, atteindre des objectifs qui vous sont imposés. Si vous vous dépêchez de rentrer le soir afin de récupérer vos enfants et de les ramener à la maison et qu'une fois arrivé, vous devez préparer à manger, faire des courses ou veiller à ce que leurs devoirs soient faits. Si vous vous coucher le soir, épuisé, et que vous vous réveillez le matin encore plus fatigué que la veille... Alors vous savez de quoi je parle.

    Ce rythme effréné, ces pressions, sociales, familiales, financières auxquelles nous ne pouvons échapper sont autant de freins à la parentalité positive.

    La bienveillance nécessite un investissement extrêmement important. Une présence, au moins mentale, de tous les instants. Une disponibilité et une remise en question personnelle.

    Nous manquons de temps. Nous manquons de possibilités et de moyens pour appliquer avec soin et rigueur les préceptes de l'éducation bienveillante. Nous manquons d'énergie.

    Certains me répondront qu'il s'agit d'un choix de vie. Travailler ou non. Gagner plus ou moins d'argent. Adapter son rythme et son mode de vie. Certes.

    Mais les faits sont là : l'éducation bienveillante, s'il on veut l'appliquer sans accroc, n'est pas compatible avec le monde occidental tel qu'il l'est devenu aujourd'hui.

    Et même si ce n'est pas entièrement de notre faute, nous les mères, nous culpabilisons. 

    Si l'éducation bienveillante est fondamentalement bonne, elle ne peut et ne doit pas être considérée comme la seule et unique manière d'éduquer ses enfants.

    Elle doit être considérée comme une tendance à suivre. Comme un idéal ou un modèle. Faire du mieux qu'on peut, mais en acceptant nos hauts, nos bas, nos problèmes. Avec des accrocs, des choses qu'on dit et qu'on ne devrait sans doute pas dire. Avec des cris parfois, des menaces, du chantage et des punitions. Des craquages lorsqu'on est énervé ou épuisé. Et des explications ensuite. 

    Mais surtout, surtout pas de culpabilité parce que nous avons failli à tel et tel principe à tel ou tel moment.

    Chacun et chacune fait du mieux qu'il peut, avec ce qu'il a. 

    L'essentiel étant et restant toujours que ses enfants se sentent aimé, quoi qu'ils fassent.

     

    Le second malaise que je ressens par rapport à la bienveillance concerne ses possibles dérives, et surtout ses excès.

    Etre bienveillant envers son enfant, c'est aussi lui apporter un cadre et des limites dont il a besoin pour se structurer, pour se sentir en sécurité et pour grandir sereinement.

    Ce cadre, j'en suis convaincue, l'enfant en a besoin. Il le cherche, même, face à un trop grand laxisme.

    Or, ce principe de bienveillance est selon moi bien trop souvent oublié par ses adeptes.

    Il est vrai qu'il n'est pas facile de limiter l'enfant tout en le rendant autonome, de lui apprendre les interdits sans négation et sans hausser le ton.

    De fait, parfois, en voulant être (trop) bienveillant, les parents n'interdisent plus et lâchent trop souvent prise sur des éléments qui devraient au contraire mériter toute leur attention.

    Dans ce cas, la bienveillance devient laxisme.

    L'enfant est en manque de repères, de limites et de règles. Il perd pied. Ne peut plus se reposer sur une épaule solide que devrait être celle de leurs parents.

    Sous la joug de la bienveillance poussée à son extrême, les parents n'écoutent plus leurs propres besoins pour se consacrer exclusivement à ceux de leur enfant.

    Or, comment un parent qui ne s'écoute pas lui-même peut-il entendre ceux de son enfant ?

    Comment un parent malheureux peut-il transmettre les valeurs de la joie et de l'épanouissement personnel ?

    Comment un parent qui ne se donne plus le droit d'exprimer son énervement, son exaspération ou son ras-le-bol peut-il l'autoriser à son enfant ?

    Pour beaucoup, la bienveillance est de respecter le rythme de son enfant, notamment au niveau de son sommeil. Le cododo et le maternage intensif sont alors de mises.

    Je n'ai personnellement rien contre le cododo. Ceux et celles qui suivent les aventures de la Boulette depuis le début le savent d'ailleurs ; ma fille a dormi contre moi jusqu'à ses 6 mois. Je me suis ensuite réveillée 3 à 4 fois par nuit pendant plusieurs mois pour la rassurer et la nourrir. J'ai tenté de répondre à tous ses besoins. Je l'ai portée sans m'arrêter de marcher pour arrêter ses pleures.

    Et je ne le regrette pas. Mais est venu un moment où mon corps et ma tête ne pouvaient plus supporter ces réveils nocturnes intempestifs. J'y ai donc mis un terme, et ce de manière bienveillante d'après moi (de manière progressive, toujours en lui expliquant le pourquoi du comment, en étant présente malgré tout, en ne la laissant pas pleurer).

    Ce que je veux dire par là est que le parent, et dans ce cas la maman, doit s'écouter elle aussi. Si le cododo ou les réveils nocturnes réguliers deviennent un calvaire pour le parent, et qu'ils ne sont bien sûr pas causés par une maladie ou un mal-être de l'enfant, pourquoi s'imposer ce qui s'apparente à une véritable torture sous prétexte que l'éducation bienveillante le préconise?

     

    Encore une fois, je suis fondamentalement en accord avec les principes de l'éducation positive et je pense en pratiquer beaucoup, sans même y avoir pensé auparavant. Je souhaite que chacun et chacune se penche sur ces principes, pour autant qu'ils soient considérés comme une ligne de conduite, sans excès et sans dérives, qu'ils soient appliqués dans la mesure de ses propres possibilités, et qu'ils ne deviennent pas un dogme renversant le modèle traditionnel "parent dominant" vers le catastrophique "parent dominé". Le tout en culpabilisant les parents au moindre faux-pas.

     

     

    Ecoutez votre enfant.

    Mais écoutez-vous, vous aussi.

    Répondez à ses besoins.

    Tout en répondant aux vôtres.

    Remettez-vous en question.

    Mais n'oubliez pas qui vous êtes.

    Faites du mieux que vous pouvez,

    mais autorisez-vous à crier et à péter un plomb si vous en avez besoin.

    Ne tentez pas d'être un parent parfait car il n'existe pas (comme l'écrit Isabelle Filliozat).

    Aimez votre enfant le mieux possible,

    c'est bien là l'essentiel.

     

     

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  • Commentaires

    1
    LC
    Mercredi 23 Août 2017 à 19:58

    J'aime beaucoup ton article et partage tout à fait ton point de vue sur la question. Les principes de la bienveillance éducative, j'en applique déjà une large majorité avec mes élèves et ça marche très bien. Il n'empêche que parfois, la fermeté reste de mise car, comme tu le soulignes bien, les enfants (comme les ados) ont besoin de repères. Pour moi aussi, ces principes coulent de source. Je suis farouchement opposée au fait de frapper, le respect de l'enfant est au centre de mes préoccupations, ainsi que toujours lui donner le pourquoi d'une interdiction. Mais ce respect, il doit aussi être envers nous-mêmes: nous avons des besoins, des humeurs, qui malheureusement sont parfois en totale contradiction avec ceux de nos enfants. Alors parfois on hausse le ton, on s'énerve mais l'essentiel est, selon moi, de réussir à faire redescendre la tension et s'excuser ensuite si nécessaire. Je pense que tu as soulevé la point problématique central de tout ça: on ne vit pas dans un monde qui encourage ces pratiques. Trop peu de temps, trop de stress et de fatigue. Je lis actuellement un livre qui l'évoque "Pour une enfance heureuse" de Catherine Gueguen qui dit bien, très tôt dans son livre, qu'on souffre d'un manque de temps terrible à accorder à nos enfants. Bref, l'essentiel est en effet de les aimer et, je pense, d'être constants tant que possible sur notre ligne de conduite, afin que nos enfants aient des repères rassurants.

      • Vendredi 25 Août 2017 à 09:42

        Merci LC. Selon moi aussi l'essentiel est de communiquer. Si le parent ne parvient pas à garder son calme, ok, ça arrive. Mais il faut ensuite, quand la tension est redescendue, s'expliquer avec son enfant. Ca me semble essentiel.

    2
    Elodie
    Jeudi 24 Août 2017 à 23:16

    Je lis dans pas mal de blogs des réactions similaires à la tienne. Pourtant, moi, quand je me documente sur l'éducation bienveillante, je ne lis JAMAIS que le parent ne doit pas répondre à ses propres besoins (ce qui serait du laxisme), ni qu'il doit être parfait d'une quelconque manière. Ce que je vois c'est "seulement" de mettre les besoins de l'enfant au même niveau que ceux des adultes ( = les besoins de l'adultes ne sont pas plus importants que ceux des enfants, et vice versa) et de ne pas adopter la violence (verbale, physique ou psychologique) comme une forme de fonctionnement. Bien sûr parfois on "craque" mais là encore il y a différentes manière de réagir au craquage. Soit avec bienveillance envers soi (ne pas s'auto flageller inutilement mais si le craquage a lieu plusieurs fois dans les mêmes circonstances essayer de comprendre ce qui nous fait sortir de nos gonds) et envers son enfant : s'excuser et reconnaitre ses erreurs (et c'est aussi comme ça qu'eux apprendront qu'ils n'ont pas à être parfaits, mais qu'il est important de faire de son mieux pour "réparer" quand on a blessé l'autre). Je ne lis pas non plus que ça fait des enfants parfaits qui ne crisent jamais, mais que la façon du parent de répondre à la crise va avoir des effets à longs terme sur l'enfant. 
    Et je te garanti, je lis et vois parfois encore des trucs qui me font froid dans le dos quant à la façon dont sont traités les enfants. 

      • Vendredi 25 Août 2017 à 09:40

        Ah moi non plus je ne vois jamais que la parent ne doit pas répondre à ses besoins... Mais par contre on y insiste pas non plus spécifiquement sur les besoins des parents... Je ne critique pas la bienveillance. Au contraire. Ce qui me fait "peur" c'est que cette bienveillance soit mal interprétée.. poussée à son extrême, où dès lors l'adulte ne s'écoute plus lui-même (ni sa fatigue, ni ses humeurs, ni ses valeurs...). J'ai peur des dérives et des mauvaises interprétations des principes de la bienveillance. Dérives qui sont (trop) faciles et qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques. D'où mon malaise.

        Mais je ne dis pas que l'éducation bienveillante promet des enfants parfaits qui ne crisent pas. Elle veut nous donner des clés pour y réagir de manière adaptée, ce qui est vraiment vraiment top et intéressant. J'ai pioché de nombreux conseils dans le livre d'Isabelle Filliozat. Mais, encore une fois, ce qui me fait peur ce sont ses dérives. La frontière entre "être à l'écoute, comprendre, ne pas crier, ne pas interdire avec de la négation etc" et le "laxisme" est très étroite et risque d'être franchie par beaucoup de parents. A tort certes, mais la frontière est floue si l'on ne se penche pas avec assez d'attention sur la bienveillance.

         

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