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    Pour ceux et celles qui suivent les péripéties de la Boulette depuis sa naissance (voire avant), vous vous rappellerez très probablement des (grosses) difficultés que nous avons vécu lors ses premiers mois de vie (pour les autres, vous trouverez un condensé de ces moments horribles dans mon témoignage ici).

    Jeune maman naïve et ignare que j'étais à l'époque, je n'avais alors jamais entendu parlé du RGO (ou reflux gastro-œsophagien), et encore moins de l'allergie aux protéines de lait de vache.

    Un bébé qui hurle, qui mâchonne, qui s'étrangle, qu'on ne peut poser et qui réclame le sein toute la journée... Il m'a pourtant fallu quelques temps pour comprendre ce dont souffrait ma fille.

    Mais nous avons trouvé. Et nous sommes battus, jour après jour, afin de trouver des solutions pour la soulager.

    Des hauts, et beaucoup de bas s'en sont suivi.

    Un régime alimentaire drastique car j'allaitais... Différents traitements d'IPP afin de combattre l'acidité, une chasse aux PLV...

    Qu'en est-il aujourd'hui, plusieurs mois après ?

     

     

     

    Dur dur de repenser à ces premiers mois.

    De me replonger dans cette période qui fût extrêmement difficile à vivre pour moi.

    Je vivais dans l'angoisse permanente, dans la recherche constante de solutions pour améliorer une situation qui ne pouvait perdurer au risque de devenir complètement déprimée.

    La fatigue était devenue épuisement, avec ce bébé qui se réveillait chaque heure, chaque nuit, et ne dormait pas le jour, si ce n'est par tranches de 10 minutes, accrochée à mon sein uniquement.

    Un bébé qui hurlait en permanence, sauf quand il tétait. Que je ne pouvais poser. Jamais.

    Des espoirs d'améliorations, avec différents traitements, puis avec un régime alimentaire strict sans plv.

    Mais rien de probant. Une hospitalisation lorsqu'elle avait 2 mois. Des examens invasifs. Une dizaine de jours en enfer. Et un verdict sans appel : un reflux, mais trop léger pour provoquer des crises de telle envergure.

    Et puis, peu à peu, à partir de ses 3 mois, quelques améliorations, enfin.

    La Boulette tété un peu moins. parvient à dormir 2 heures de suite la nuit. Accepte le porte-bébé. Puis la poussette. Puis la voiture. Elle régurgite moins. Ravale moins. Pleure (un peu) moins. Elle est diversifiée à 4 mois et mange avec plaisir.

    Et ces petites choses, me font revivre, petit à petit.

    Un peu avant ses 6 mois, la Boulette accepte le biberon. Le lait de chèvre est bien toléré par son système digestif.

    Elle commence à faire de vraies siestes, dans son lit.

    Je commence à comprendre, peu à peu, que le manque de sommeil n'a pas amélioré la situation des premiers mois. La Boulette est épuisée. Et quand elle est épuisée, elle hurle.

    J'ai souvent confondu la douleur du reflux avec son besoin de sommeil. Avec un caractère déjà bien trempé aussi.

    Je continue malgré tout le traitement IPP qu'elle a depuis ses 2 mois de vie. Et son alimentation solide est 100% sans plv. Pas de beurre, pas de crème... Bref. Pas de lait de vache.

    Je suis extrêmement vigilante. Pas une trace de PLV ne rentre dans la bouche de ma fille. J'ai bien trop peur de retourner en enfer.

    Le reflux semble totalement maîtrisé. Il faut tenter d'arrêter le traitement. Mais je repousse l'échéance. Encore et encore. Jusqu'à ses 8 mois.

    Je me sens prête (enfin plus ou moins). Alors, je diminue un peu les quantités d'IPP. Puis, je ne lui donne qu'un jour sur deux.

    Je guette le moindre signe de retour du RGO. Mais rien.

    Alors, je décide d'arrêter complètement.

    Et toujours rien. Je réalise alors que le RGO a vraiment disparu. Il n'était pas maîtrisé par un quelconque traitement. Il avait juste disparu.

    Il ne me restait plus qu'une étape avant de pouvoir tourner la page.

    C'était la réintroduction des PLV.

    Là aussi, il m'a fallu du courage. J'ai beaucoup hésité à commencer.

    Mais je me suis lancée. D'abord un mini bout de biscuit bébé contenant du lait. Puis un minuscule bout de beurre dans sa panade. Puis une cuillère de yaourt au lait de vache. Puis deux.

    Là aussi, j'ai attendu. J'ai ausculté son petits corps au microscope tous les jours, à l'affût d'une rougeur, d'une diarrhée ou du retour du RGO.

    Mais rien.

    Il y à une dizaine de jours, pour la première fois de sa petite vie, à 1 an, la Boulette a bu du lait de vache.

    Elle l'a bu, tout aussi goulûment que son lait de chèvre.

    Et sans réaction.

    La Boulette n'est plus un bébé RGO ni APLV.

    La Boulette est guérie.

    Et maman est ravie...


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  • Bébé RGO et diversification alimentaire : comment procéder et quand ? Avis d'une maman d'un bébé RGO

     

     

    L'ONE recommande l'allaitement exclusif pendant 6 mois, à la suite de quoi la diversification alimentaire peut être introduite chez le bébé. Parallèlement, la plupart des les pédiatres recommandent de débuter l'introduction de nouveaux aliments entre 4 et 6 mois.

    Mais, lorsque bébé souffre de reflux (RGO), beaucoup de mamans s'interrogent sur l'éventualité d'une diversification alimentaire précoce afin de soulager leurs touts petits. Bonne ou mauvaise idée ? Et comment débuter cette diversification alimentaire ? Quels aliments introduire ? Quand et comment ?

    Maman d'une petite fille souffrant d'un RGO interne depuis sa naissance ayant introduit les premières panades quelques jours avant ses 4 mois, je vous fais part de mon témoignage et de mes conseils afin que cette diversification alimentaire se passe le mieux possible pour votre bébé et pour vous.

     

     

    1. Débuter en douceur et sans forcer votre bébé

    RGO ou non, il est indispensable d'y aller pas à pas lors de la diversification alimentaire de votre bébé. 

    Proposez-lui une ou deux cuillères de panade les premiers jours, puis, augmentez peu à peu la quantité donnée.

    Ne forcez jamais votre bébé à ingurgiter une cuillère de panade ! Si votre bébé n'est pas prêt, il vous le fera vite comprendre. Réessayez une ou deux semaines plus tard.

     

    2. Introduire un nouvel aliment à la fois

    Cette règle est vraie pour tous les bébés, mais encore plus pour les bébés RGO dont le reflux peut-être causé, entièrement ou en partie, par des allergies alimentaires.

    Il est donc indispensable d'introduire un aliment à la fois pendant plusieurs jours afin de vous assurer que votre bébé tolère cet aliment.

    Soyez vigilent à tous les signes pouvant signifier que votre bébé ne supporte pas bien un aliment : plaques rouges, boutons, eczéma mais aussi problèmes digestifs (diarrhées, constipation, augmentation du reflux, vomissement,...). Si vous doutez ou si l'un de ces signes fait son apparition, supprimez l'aliment en cause de son alimentation.

     

    3. Dans quel ordre introduire les aliments

    Il est généralement conseillé de débuter les légumes avant les fruits lors de la diversification alimentaire de manière à ce que le goût sucré des fruits, apprécié par les bébés, n’entraîne pas un refus des légumes.

    Débutez donc (bébé rgo ou non) par un légume (la patate douce ou la carotte, par exemple), finement mixé, sans y ajouter de sel ou épice, avec éventuellement un trait d'huile d'olive.

    Continuez ce même légume plusieurs jours de suite (cf. règle n°2) avant d'introduire un autre légume (seul, lui aussi).

    Par la suite, vous pourrez y rajouter un féculent (généralement la pomme de terre), puis, à partir de 6 mois, une protéine (un morceau de viande maigre, une volaille, un poisson blanc...).

    Après avoir introduit les légumes durant 2 ou 3 semaines, vous pourrez alors introduire les fruits.

    Comme pour les légumes, introduisez les fruits un à un afin de vérifier la tolérance de bébé à chacun d'entres-eux.

    Débutez par des fruits tels que la pomme, la banane et la poire avant d'introduire d'autres fruits de saisons. Veillez cependant à éviter les fruits exotiques avant les 18 mois de bébés (ananas, kiwi, mangue, paypaye,...) car ceux-ci sont allergisants.

     

    4. Quels légumes et fruits éviter en cas de RGO ?

    En cas de reflux, mieux vaut éviter tous les fruits et légumes acides !

    Au niveau des légumes, évitez à tout prix les tomates qui sont fortement acides !

    Débutez par exemple par des légumes tels que la carotte, le panais, la pomme de terre, la courgette ou les haricots verts qui sont alcalins.

    En cas de diversification alimentaire précoce, évitez les choux, les épinards et les champignons qui sont généralement moins bien tolérés par le système digestif des bébés.

    Au niveau des fruits, bannissez l'orange qui est généralement un des premiers fruits introduit dans l'alimentation du bébé ainsi que tous les agrumes dont l'acidité risque d'augmenter le reflux.

    Privilégiez également les fruits cuits qui sont plus digestes : compote de pommes (sucrées), de poires ou de coings par exemple.

     

    La banane est communément appréciée des touts petits en raison de son goût sucré. Restez vigilent cependant car la banane constipe ! Testez la en petite dose afin de vérifier son assimilation par votre bébé.

    Quelque soit le légume ou le fruit introduit, la règle d'or reste la même : introduisez un légume ou fruit à la fois durant plusieurs jours afin de vérifier sa tolérance par votre bébé. Un bébé n'est pas l'autre, il est donc nécessaire de contrôler vigoureusement l'assimilation d'un aliment par votre.

     

    5. Introduction des céréales (farines) chez le bébé RGO

    Une des prémisses de la diversification alimentaire est l'introduction des farines chez le bébé. Ces farines sont souvent conseillée en cas de reflux car elles vont épaissir le lait et ainsi réduire les remontées et le reflux.

    Si vous souhaitez introduire les farines avant 4 mois, demandez l'aval de votre pédiatre, et assurez-vous que celles-ci ne contiennent pas de gluten (qui est introduit à partir de 6 mois).

    Personnellement, je vous recommande la prudence dans l'introduction de ce type de céréales ; outre le fait qu'elles soient très sucrées, elles peuvent aussi avoir l'effet inverse à celui désiré en cas de RGO. Même si votre bébé régurgite moins avec des céréales, ce n'est pas pour autant qu'il les digérera bien.

    Si vous désirez épaissir le lait de votre bébé (lait artificiel ou lait maternel), n'hésitez pas à opter pour des céréales bio au millet, à l’épeautre ou aux flocons de riz que vous trouverez en magasin bio (ou dans certaines grandes surfaces).

    Là aussi, restez vigilent quant aux éventuelles réactions digestives de votre bébé.

     

    6. Privilégiez toujours l'allaitement en cas de reflux

    Le lait maternel est alcalin et cicatrisant. Pour cette raison, si vous allaitez, ne supprimez pas les tétées au profit d'un petit pot de légumes ou de fruits.

    Faites toujours téter votre bébé avant de lui proposer un repas solide à midi ou au goûter.

    Le reflux pouvant être causé par une allergie alimentaire, soyez également vigilante à votre alimentation, notamment aux protéines de lait de vache et aux aliments acides.

    Pour plus d'informations quant aux régimes d'éviction et aliments à bannir en cas de bébés RGO et APLV, consultez le billet "Allaiter un bébé RGO et APLV : régime d'éviction"

     

    7. Tenez un journal alimentaire

    Afin de distinguer facilement et sans aucun doute les éventuels aliments qui ne seraient pas bien tolérés par le système digestif de votre bébé, le plus sûr est de tenir un journal alimentaire.

    Notez dans un petit cahier (ou dans votre téléphone portable, c'est encore plus pratique !) la composition des repas solides que vous proposez à votre petit bout et indiquez-y également si vous notez des réactions (même les plus insignifiantes).

    Vous pourrez alors très facilement cibler les aliments à bannir et ceux qui sont bien digéré.

     

     8. Demandez conseil à votre pédiatre

    Toute introduction ou changement alimentaire doit être stipulée au pédiatre de votre enfant lors de vos visites. Certains pédiatres vous soutiendront dans la diversification alimentaire précoce de votre bébé RGO. D'autres au contraire vous conseilleront de patienter encore un peu.

    Quelque soit l'avis du vôtre, et quelque soit la décision que vous prendrez (car oui, c'est bien à vous, maman et papa, de décider), parlez-en tout de même à votre pédiatre.

    Même s'il ne vous soutient pas, il est indispensable qu'il connaisse le régime alimentaire de votre enfant pour tout diagnostic ou soin.

     

     

    Diversification alimentaire précoce chez le bébé RGO : une "vraie" solution ?

     

    Tout dépend de la manière dont vous introduisez les aliments (voir les conseils ci-dessus) et... de votre bébé !

    Même si l'introduction d'aliments solides aide théoriquement à diminuer les reflux, encore faut-il que votre bébé, lui, soit prêt.

    Chez ma fille, la diversification alimentaire a fortement amélioré son reflux.

    Mais elle a tout de suite apprécié la cuillère, mais aussi les goûts et la texture de la nourriture solide.

    Ce n'est pas le cas de tous les enfants.

    Et dans ce cas, et même si vous êtes désespérée par le RGO de votre bébé, ne le forcez surtout pas.

    Cela risquerait d'avoir des conséquences néfastes.

    Mieux vaut réessayer 2 ou 3 semaines plus tard !

     

    Sur le même thème :

    Bébé RGO, APLV et Babi : Témoignage d'une maman épuisée

    Bébé RGO : Cause, symptômes et traitements

    Bébé RGO et épuisement maternel : Au bord du gouffre 

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  • Bébé RGO, APLV et Babi... Témoignage d'une maman épuisée

     

     

    Après un temps d'attente interminable, un parcours en PMA et une grossesse en MAP, je donne enfin naissance à mon premier enfant, le 1er mai 2016.

    Je pensais alors que le plus dur était derrière moi. Il était en réalité à venir.

    Trois jours sa naissance, ma fille commence à hurler. De jour comme de nuit, rien ne semble l'apaiser. Je suis encore à la maternité, et les sage-femmes me parlent des coliques du nourrisson.

    Une fois rentrées à la maison, les hurlements continuent. J'allaite ma fille, et commence dès lors les tisanes au fenouil et évite les produits susceptibles de provoquer des coliques. Je pratique les massages qui m'ont été montré à la maternité. Je tente les bouillottes, l'écharpe de portage, l'eau de chaux, l'homéopathie et tout ce qui est susceptible de l'apaiser. Rien y fait.

    Les hurlements continuent, et, si possible, empirent. 

    Ma fille se réveille toutes les 30 minutes la nuit, s'endort au sein la journée par périodes de 10 minutes seulement, puis se remet à pleurer de plus belle.

    Je ne peux la poser. Jamais. Je ne dors quasiment pas.

    Je recherche de l'aide auprès d'une conseillère en allaitement. Je vais voir notre pédiatre afin de trouver un moyen d'apaiser ces fameuses coliques. Je vais à l'ONE chaque semaine, avec ma fille hurlante. Je cherche des solutions mais n'en trouve pas.

    Au bout d'un mois, et après une énième nuit blanche où nous nous sommes relayés, mon mari et moi, à tenter de faire taire les hurlements de notre fille en faisant des tours en voiture, je craque. Je ne parviens plus à rester seule toute la journée avec ma fille, que même le sein ne fait plus taire.

    Je cherche sur internet, encore et encore, afin de trouver une solution miracle contre les coliques. Et voilà que je tombe sur ces trois initiales : RGO.

    Bébé qui ravale constamment, qui pleure beaucoup, qui se réveille en hurlant la nuit comme le jour, qui dort peu, qu'on ne peut poser, bébé qui s'étrangle, qui fait des bulles, qui fait des fausses routes, a le hoquet régulièrement, n'accepte que les bras... Tout correspond. 

    Une lueur d'espoir apparaît : ma fille souffre d'un reflux interne. Et des solutions existent.

    Je prends donc (encore) rdv chez notre pédiatre et pose mon diagnostique. Au vu des symptômes et de mon état de fatigue déplorable, il ne peut que confirmer. Il nous prescrit alors un IPP, traitement supposé inhiber l'acidité produit par l'estomac ainsi que du Gaviscon, le tout en nous rassurant : l'état de ma fille devrait rapidement s'améliorer, tout comme nos nuits.

    Enfin soulagée, revigorée, je rentre chez moi avec ma fille hurlante et commence le traitement. Une dizaine de jours passe et l'état de ma fille ne s'améliore pas, ou très peu. 

    Le sein, le contact, la succion cependant fait taire ses hurlements.

    Je passe donc mes journées, et mes nuits, avec ma fille au sein. 

    Je patiente encore, puis nous changeons de traitement (un autre IPP). J'emmène ma fille chez un ostéopathe. J'élimine de mon alimentation tous les aliments acides.

    A chaque tentative, je reprends espoir : ça va marcher. Les choses vont forcément finir par s'améliorer. Et chaque nouveau traitement est un échec.

    Je perds des forces. Voilà plus d'un mois que je porte ma fille non stop, que je ne dors quasiment pas, ou par tranche de 20 minutes, avec ma fille dans les bras, en position semi-assise dans mon lit.

    Je pleure beaucoup. La privation de sommeil est une torture. Mais je continue. Je dois tenir le coup. Pour ma fille. Elle a besoin de moi et de l'allaitement pour se soulager.

    Notre pédiatre nous oriente vers un gastro-entérologue, qui nous donne encore quelques conseils pour que l'IPP soit plus efficace (nous sommes à la dose maximale).

    Parallèlement, grâce à mes lectures, je débute un régime sans protéines de lait de vache. Si les IPP ne fonctionnent pas, le reflux est forcément d'origine allergique.

    J'élimine le beurre, la crème, les produits laitiers, les produits industriels.

    Une dizaine de jours après, toujours pas d'amélioration. Je commence alors à éliminer les produits allergisants secondaires : chèvres, boeuf, brebis, soja, gluten, fruits à coques, en plus des aliments acides.

    Je perds du poids. Beaucoup. 

    Couplé au manque de sommeil, ce régime me vide de mes dernières forces.

    Je pleure, chaque jour, sur mon canapé. De ne plus pouvoir manger, de ne plus pouvoir dormir, de ne plus pouvoir ne serait-ce qu'aller au toilette la journée. Je ne peux plus rien faire, sauf de regarder ma fille souffrir dans mes bras.

    On me conseille de passer au lait artificiel afin de me soulager un peu. Je refuse. Le sein me sauve. C'est la seule chose qui semble l'apaiser, ou du moins, qui ne la fasse pas hurler.

    Il me sauve, mais me rend également indispensable. Dès qu'elle n'est pas au sein, ma fille hurle. Mon mari prend le relais pour que je puisse me doucher et manger un peu, le soir, quand il rentre du travail. Mais ces quelques minutes sont invivables, aussi bien pour lui que pour moi, car notre fille hurle à s'en étouffer.

    Je n'ai plus de vie. Je perds pied. La privation de sommeil me rend hypersensible, me fait perdre mes mots, et la mémoire.

    J'essaie l'écharpe de portage pour me libérer les bras et pouvoir manger quand je suis seule. Mais le temps de faire les noeuds, je dois poser ma fille qui se remet alors à hurler, et qui ne se calme pas une fois dans l'écharpe.

    Je me sens condamnée, emprisonnée, je ne vois plus le bout du tunnel.

    J'en suis alors à plus de trois semaines de régime strict. Ma fille a deux mois. Ce qui me sauve : mon mari qui me fait à manger et me donne même parfois à manger à la fourchette car je dois maintenir ma fille au sein pour que l'on puisse échanger quelques mots. Ma maman vient régulièrement me voir et s'occupe d'entretenir notre appartement, de faire des lessives, de nettoyer. J'aurais tout donné, à ce moment là pour pouvoir faire la vaisselle moi-même, pour échanger les rôles.

    Mais ni ma maman, ni mon mari, ni personne, ne pouvait me remplacer auprès de ma fille.

    Alors, j'ai continué, encore et encore, jour après jour. Je connaissais parfaitement le déroulement de la journée en la débutant. Je savais qu'une fois réveillée, ma fille allait rester calme quelques minutes. Pratiquement les seules de la journée. A peine l'oeil ouvert, je courrais donc au toilette, puis allait la changer et la posait dans son transat surélevé pour préparer son médicament que je lui donnais aussitôt. Je n'avais que quelques minutes avant les prochains hurlements. Et pourtant, pour que le médicament fasse effet, je devais l'empêcher de boire pendant les 30 minutes suivant la prise. Il fallait donc que je tienne, au moins une demi-heure. Elle hurlait, je la prenais dans mes bras, je marchais, marchais encore, souvent en pleurant, regardant l'heure chaque minute. Et puis, au bout de 30 minutes, je m'asseyais dans mon canapé et la mettais au sein, faisant ainsi cesser ses hurlements. Et nous restions ainsi jusqu'à ce que ses yeux se ferment pour quelques minutes, durant lesquelles je pleurais et pleurais encore.

    Qu'avais-je fais pour "mériter" ça ? Pourquoi moi ? Pourquoi elle ? Comment m'en sortir ? Vers qui me tourner ?

    Mes proches sont démunis. Autant que moi, devant ce bébé si beau, si attendu, mais que rien ne calme.

    Le soir venu, je me couche vers 19h, avec ma fille dans les bras, en position semi assise, dans mon lit. Lorsqu'elle s'endort, je cherche une position plus confortable pour tenter de dormir moi aussi. Mais le moindre mouvement, le moindre bruit la réveille. Elle dort 30 minutes, parfois 1 heure. Se réveille en hurlant, grimace en s'endormant.

    Je tiens ce rythme encore pendant quelques semaines. Et alors que ma fille à 2 mois et demi, et que mon mari a dû partir en voyage d'affaire pour quelques jours, je craque.

    Je me rends aux urgences avec ma fille. Ils doivent nous aider. Je ne fais plus que 38 kilos. Je n'ai pas dormi plus de 2 heures d'affilée depuis sa naissance. Je ne tiens plus debout.

    Devant les crises douloureuses de ma fille, je suis heureusement prise au sérieux. Elle sera hospitalisée durant 10 jours, durant lesquels je reste avec elle 24 heures sur 24, et au cours desquels elle subira toute une série d'examens invasifs que je culpabilise de lui faire subir.

    La PH métrie confirme son reflux, mais, paradoxalement, les médecins décident de diminuer la dose d'IPP. Le reflux n'est pas suffisamment important pour provoquer de pareilles crises d'hurlements. Alors ils continuent à chercher : gastroscopie, échographies, IRM sous anesthésie générale. Tout y passe. Et rien est trouvé. Tout est physiologiquement parfaitement normal.

    Je suis démoralisée. Encore plus, si possible.

    Mais, bizarrement, au sein même de l'hôpital, les crises semblent s'espacer un peu. Au lieu d'avoir 3 minutes de calme après une mise au sein, il y en a 10, puis 15, puis 20. J'ai droit à mes premiers sourires et aux premiers areuh. Le régime sans plv ferait-il enfin de l'effet ?

     Ma fille grandit. Ma fille s'éveille. Et moi, malgré tout, je m'émerveille.

    Nous rentrons de l'hôpital donc, pas beaucoup plus avancé qu'auparavant, si ce n'est que nous sommes rassuré, le Chéri et moi, quant à l'absence de malformations physiques qui pourraient expliquer ses crises.

    Durant les semaines qui suivent, les crises continuent à s'espacer un peu. Mais sont toujours présentes. Malgré tout, je revis un petit peu. Lors de ces moments de calme, mon mari la prend dans ses bras, me permettant de m'asseoir et de souffler un peu.

    Le temps qu'elle passe au sein diminue lui aussi, même si cela reste la seule chose qui la calme lorsqu'une crise débute.

    Je réessaie certaines choses qui avait échouées jusqu'alors, et qui, petit à petit, fonctionnent. Elle accepte peu à peu la tétine et parvient à s'endormir en porte-bébé. Or de question de m'arrêter de marcher cependant, une fois dedans. Mais c'est déjà mieux que rien : je retrouve mes bras, même si mon dos lui en souffre.

    J'apprends à connaître ma fille, à repérer les signes de fatigue qui, étrangement, se manifestent de la même manière que les crises de reflux. Je comprends alors que ma fille est épuisée, elle aussi, par tout cela. Mais qu'elle ne parvient pas à trouver le sommeil sans le sein.

    A 4 mois, nous débutons la diversification. Elle accepte avec plaisir les panades. Je suis soulagée. Son reflux aussi. Elle ne s'étrangle plus. Elle ne ravale plus. Elle ne grimace plus.

    Aurions-nous réussi à vaincre le RGO ?

    Je ne prends pas de risque et continue mon régime et l'allaitement. J'ai tellement peur d'un retour en arrière.

    Les choses sont encore loin d'être roses, mais elles sont déjà un peu plus vivables. Je m'en contente.

     

    Aujourd'hui, à bientôt 5 mois, je peux dire que son reflux est maîtrisé.

    Ma fille est hyper tonique. Elle a toujours un petit gabarit, mais suit sa courbe de poids. Elle se retourne sur le ventre et mange comme 4.

    Ses problèmes de sommeil (et donc les miens) sont toujours bien présents : elle ne parvient à s'endormir qu'au sein ou en porte-bébé et se réveille de manière anarchique chaque nuit. J'ai, parfois mais rarement, droit à deux heures de sommeil d'affilé. Elle dort toujours contre moi, seul moyen pour moi de tenir debout la journée.

    Le RGO de ma fille a hanté mes nuits et mes jours durant plus de 3 mois. Mais à l'heure d'aujourd'hui, je ne peux plus objectivement attribuer son comportement difficile au reflux.

    Ma file est un BABI : un bébé aux besoins intenses, qu'un rien frustre, qu'un rien fait hurler. Elle ne supporte ni la voiture, ni la poussette. Chaque sortie avec elle est une épreuve pour elle et pour moi.

    Je suis loin d'avoir récupéré de ces premiers mois. Je n'ai plus honte de le dire : j'ai vécu l'enfer. Un véritable cauchemar.

    Mais je suis malgré tout fière de moi : je suis debout. Je continue à répondre à ses besoins, et continuerai.

    Voilà où nous en sommes aujourd'hui.

    Et je garde confiance en l'avenir : ma fille va continuer à grandir et ainsi à pouvoir répondre peu à peu seule à ses besoins. Les choses vont s'améliorer, petit à petit.

    La patience, encore de la patience.

    Je ne peux dire qu'une chose : mon blog n'aura jamais aussi bien porté son nom.

     

     

     Voir aussi :

    RGO et vaccins

    Bébé RGO et épuisement maternel

    Bébé RGO : Des hauts et beaucoup de bas

    Scène de vie : Faire des courses avec un bébé RGO

    Mon Babi : un bébé pas comme les autres

     

     


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  • Partir en vacances avec un bébé RGO... Ou comment revoir ses plans.

    Lorsque j'étais enceinte de 5 mois, le Chéri et moi nous avions réservé, comme tous les ans, nos vacances pour le mois de septembre.

    Notre choix s'était porté sur une petite maisonnette dotée d'une jolie piscine dans la campagne lotoise.

    Je m'imaginais déjà, le Chéri, notre bébé et moi barboter dans la piscine... Promener notre fille en poussette dans les villages voisins... Nous arrêter prendre un verre en terrasse et déguster une spécialité du coin... Passer une soirée romantique avec le Chéri, notre mini-nous de 4 mois dormant paisiblement dans son petit lit...

    Crédule et naïve primipare que j'étais alors ! Bon, il faut dire aussi qu'à l'époque, je ne connaissais pas les abréviations "Rgo", "Aplv" et encore moins "Babi"... Jamais je n'aurais pu imaginer ce qui nous attendait quelques mois plus tard.

    Quoi qu'il en soit, j'ai dû revoir mes plans idylliques de premières vacances avec bébé...

    Tout d'abord, faire les bagages ! Ou comment avoir besoin d'une tierce personne pour disposer de mes deux mains et de toute ma tête pour ne rien oublier... Je vais devoir faire appel à la belle-mère patiente et courageuse capable de supporter les hurlements de ma Boulette !

    Ensuite, et ce sera probablement le plus compliqué, supporter les hurlements de la Boulette durant les 8 heures de retour qui séparent notre appartement de notre destination. Car non, Boulette ne supporte pas la voiture... Ni 20 minutes, ni même 5... Alors 8 heures, je n'ose même pas imaginer. J'ai tenté pas mal de choses afin de la calmer mais ni les comptines ni le mobile suspendu à son siège-auto ni les 6 doudous et jouets posés auprès d'elle ne semblent l'apaiser. La Boulette huuuuuuurle jusqu'à s'en étouffer.

    Arrivés à destination, nos principales activités vont être de réussir à faire dormir la Boulette. Car la Boulette fait la guerre au sommeil. Que ce soit dans nos bras, au sein ou dans le porte-bébé, la Boulette lutte, encore et encore, jusqu'à s'endormir d'épuisement pour quelques minutes seulement...

    Adieu les balades en poussettes dans les paysages bucoliques. La Boulette ne supporte pas d'être promenée en poussette plus de quelques minutes. Les bras de papa deviennent alors le meilleur endroit où se blottir pour partir en balade.

    Inutile bien sûr d'envisager de s'arrêter pour se rafraîchir à l'ombre d'un parasol un verre de limonade à la main. Avec la Boulette, on ne s'arrête pas et surtout on ne s'assied pas. On marche, encore et encore.

    Dans la même veine, mais cette fois, pas uniquement pour cause de Boulette colérique, pas de resto prévu, régime sans PLV de maman oblige. Les repas seront préparés maison par le Chéri, et seront engloutis par maman assise seule à table pendant que papa porte la Boulette (en marchant, évidemment).

    Les soirées romantiques envisagées il y à quelques mois se feront bien en duo, mais entre maman et la Boulette, comme depuis sa naissance. Maman couchée dans le lit, la Boulette accrochée à son sein pour trouver le sommeil, et se réveillant ensuite toutes les heures de la nuit pour retrouver le téton perdu en cours de route (et se tortiller pour dégager les énormes gazs qui probablement sont la cause principale de ses réveils à répétition).

    Croyez-le ou non, mais malgré ces "petits" changements de programme, j'ai plus que hâte de partir. Changer d'air, d'environnement, et surtout ne plus rester seule à gérer la Boulette du matin au soir vont me faire le plus grand bien !

    Je ne sais pas dans quel état nous reviendront, mais ce qui est sûr, c'est que malgré tout, nous y allons !

    Le grand départ, c'est demain.

    Souhaitez-nous bonne chance !

     

     


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  • Pédiatre et vaccins...

     

     

    Aujourd'hui était un jour attendu et redouté.

    Visite chez notre pédiatre avec la Boulette (évidemment, on allait pas la laisser à la maison) pour, entre autre, le rappel des vaccins.

    J'avais beaucoup hésité à faire la totale au 2ème mois. Je craignais en effet que les vaccins aient un effet importants sur le reflux, et ça, ça me foutait une trouille bleue.

    J'ai, bon gré mal gré, finalement accepté de les faire lorsque la Boulette était hospitalisée (car si réaction il y avait, nous serions alors bien entourés).

    Mais, à ma plus grande et agréable surprise, à part un mini pic de température à 38 (qui n'est donc, en fait, pas de la température), il n'y en a pas eu.

    Aujourd'hui donc, avait lieu les rappels, cette fois chez notre pédiatre.

    Bon, évidemment, la Boulette a hurlé de douleur et de frustration lorsque l'aiguille est entrée dans la peau de sa délicate petite fesse gauche, mais, avant ça, la visite s'est plutôt bien déroulée.

    Elle était dans un bon jour (ou plutôt devrais-je dire, dans un bon moment), ce qui a même valu au pédiatre un sourire et des areuh attendrissants.

    Bon, faut pas rêver, dès qu'elle a hurlé au contact de l'aiguille, le pédiatre s'est barré vite fait bien fait en lançant un "ah oui, des cris comme ça du matin au soir, ça doit être épuisant..." (sans blague, t'as pas vu mes cernes ?).

    Soit, tout ça pour vous dire que :

    Le rappel de vaccin est fait (et je suis toujours morte de trouille quant aux réactions sur le RGO)

    Ma boulette fait 58 cm et pèse 4kg890 (elle s'est bien rattrapée ma crevette, mais en même temps, en passant sa vie au sein, il serait étonnant qu'elle perde du poids).

    Nous avons l'aval du pédiatre pour débuter la diversification dans 2 semaines, le tout en espérant que ça l'aide au niveau du reflux, mais diminue aussi son gros besoin de succion qui nous réveille jusqu'à 10 fois par nuit...

    Evidemment, nous allons devoir être extrêmement prudents, le Chéri cuisinier et moi, quant aux aliments qu nous introduirons 1 à 1. D'éventuelles réactions à chacun des fruits, à chacun des légumes, sont à prévoir.

    Nous avancerons à tâtons, comme d'habitude...

     

     

     


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