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Le petit deuil
A chaque début de cycle, lorsque les premières pertes pointent le bout de leur nez, nous passons toutes par une multitude de sentiments, de sensations, de ressentis. Au fur et à mesure de mes cycles d'essais, je me suis surprise à pouvoir associer certains d'entres-eux aux célèbres étapes du deuil.
Je vous arrête tout de suite. Je ne suis pas en train de comparer la perte d'un être cher à l'arrivée de mes menstruations. Le deuil n'est en effet pas uniquement lié à la perte d'un proche. Il veut avant tout signifier une douleur,une séparation, une perte. Il peut être professionnel, fantasmagorique, amoureux, sentimental. Le fait est que face à cette douleur, et quelqu'en soit l'origine, nous réagissons.
Et face à chaque nouvel échec, je réagis pour pouvoir y faire face, et pour pouvoir le surmonter. Je passe par différents sentiments qui se bousculent, s'opposent. Par différentes étapes. Les étapes de ce petit deuil.
Le choc/le déni
Ca y est. Les premières pertes sont là, annonçant l'arrivée prochaine du sang. Au fond de moi, je sais qu'une fois encore, mon bébé ne s'est pas installé. Pourtant, un petit espoir subsiste, tout au fond de moi. Après tout, les règles anniversaires, ça existe non? Je veux nier les signes, que je connais pourtant par coeur. Je ne veux pas croire qu'une fois encore, j'ai échoué.
Le douleur
Plus de doute possible une fois que le sang est présent. Je constate l'échec lors de chaque passage au toilette. Je le ressens aussi, dans mon corps et dans mon coeur, à chaque minute qui passe. La douleur est intense, à chaque fois. Et avec chaque douleur, cette question qui subsiste "Qu'ai je mal fait?"
Le colère
Elle est forte et intense. Et elle me permet de réduire un peu la trop grande place qu'occupe la douleur. La colère est parfois telle qu'elle ne peut être gardée pour soi. Alors il m'arrive de la crier. Je crie haut et fort cette injustice. Je la gerbe parfois sur chéri, qui sait pertinemment qu'il n'y a qu'une chose à faire : attendre la prochaine étape.
Le marchandage
C'est l'étape où l'on se dit "si ça n'a pas marché, c'est parce que je n'ai pas fait ça". On cherche alors un moyen pour combler le manquement que l'on considère responsable de l'échec. Croyez moi, entre les vitamines, les lubrifiants miracles et les séances d'acupuncture, j'ai tout essayé. Il faut croire que rien de tout ça n'est responsable de l'absence de bébé qui grandi dans mon ventre.
La tristesse
Ou petite dépression du début de cycle. Elle dure, ou pas. Elle est forte, ou non. Qu'on la montre ou pas, elle est là, comme une amie fidèle qui se pointe même lorsqu'on ne veut pas d'elle.
L'acceptation
L'acceptation de la réalité. Du nouvel échec. De son ventre vide. Accepter que ce n'est pas encore pour cette fois. Alors, parce que tout est à recommencer, on cherche au fond de soi les ressources qu'il nous reste pour reprendre espoir. Pour oser croire que la prochaine sera peut-être la bonne. Retour à la case départ.
Jean-Félix, je t'aurai.
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